Ramen

Publié le par Ked

Après deux heures dans les transports en commun, deux heures d'attente à l'aéroport, douze heures à vous contorsionner sur votre siège trop serré dans l'avion, une heure pour les formalités de douanes et les bagages, une autre heure à attendre le bus pour le centre ville, et enfin, quand vous avez pu monter dedans, une heure et demie de bus, vous arrivez au centre de Tokyo. Les yeux font mal. On se sent sale. Bouche pâteuse, votre langue a la consistance d'une limace sèche. Vous savez qu'il va encore falloir rejoindre l'hôtel, lutter pour communiquer avec les locaux avant de pouvoir voir peut-être la couleur de vos draps. Mais en attendant, votre estomac crie famine. Ce n'est pas avec le sandwich avalé vite fait à Paris Charles de Gaulle ni les plats insipides de l'avion que le ventre se sent respecté. Mais une angoisse vous agrippe alors à la gorge. Où manger? Comment savoir si c'est trop cher? Comment faire confiance à ces plats qui ressemblent à rien et qui ont des noms impronçables.


Le touriste non averti se retrouve invariablement dans l'une des deux situations suivantes:
1. trop fatigué pour réfléchir, il s'engouffre dans le premier magasin qui ressemble à un restaurant, pointe rapidement du doigt une ligne sur le menu et s'effondre sur la table. Il est bientôt réveillé par la serveuse qui lui amène ce qu'il a commandé, en l'occurence un gros morceau de pain de mie avec plein de sirop d'érable et une boule de glace au-dessus. Qui fera 25 euros.
2. réflexe de survie, il vaut mieux parfois se résigner à quelque chose de pas forcément excitant mais dont on sait au moins que c'est de la nourriture morte avec laquelle on aura pas à lutter: le macdo.


Le but de cet article est de vous proposer une troisième alternative: trouver un restaurant local pas cher, efficace et qui soit bon.


Même si le Japon est moins aventureux que la Chine en matière culinaire, il y a quand même des choses à éviter après une vingtaine d'heures de voyage. Vous ne voulez pas avoir à affronter aussi vite l'épreuve du natto. Vous ne voulez pas vous retrouver avec un plat d'yeux de poissons ou de cartilages de poulet. Soyez raisonnables, attaquez vous avec témérité aux curiosités locales après un bon repos. En attendant, vous voulez vous caler l'estomac, ne pas payer cher mais garder ce petit côté exotique qui vous indique que vous êtes quand même bien au Japon.


Je vous propose le ramen.


En fait le ramen n'est pas vraiment Japonais. C'est un plat Chinois à la base, importé relativement récemment ici. Mais cela fait tellement partie de la pop-culture culinaire que c'est inévitable. Il existe beaucoup de variations de ramen. Il s'agit d'un bol de bouillon dans lequel trempent de la viande, des légumes, parfois un oeuf dur, le tout mélangé avec des épices, cela va dépendre de ce que vous aurez désigné au hasard (par exemple, la photo ci-contre est un tantanmen, variation de ramen en plus épicé). Ce que vous obtiendrez avec certitude cependant, ce sont les nouilles chinoises à l'intérieur. Quand on s'intéresse au problème plus en profondeur, on peut noter des subtilités dans les différentes sortes de bouillons et de condiments, mais là n'est pas le but de cet article. Il s'agit de se remplir l'estomac.


Comment on mange le ramen? D'autant plus que tout cela est brûlant! Facile. Utilisez la cuillière dans la main gauche, prenez les baguettes de la main droite. Attrappez les nouilles, transférez dans la cuillère et soufflez. Puis mangez. Les Japonais font ça en aspirant bruyamment, soit disant car le goût y gagne. Je ne suis pas convaincu. Et il faudrait aussi leur dire que peut-être que c'est vrai avec le ramen, mais qu'ils ne devraient pas faire ça avec les spaghettis dans les restaurants italiens. Surtout en Italie, nos amis Latins pourraient mal le prendre.


Vous êtes convaincus, vous allez essayer le ramen?


Encore faut-il trouver un restaurant. Cela ne devrait pas être très difficile. Regardez les devantures des restaurants. Beaucoup ont des plats en cire en démonstration. Très pratique quand on n'est pas à l'aise avec les kanjis. Moins cher, vous pouvez aussi vous rabattre sur ces petites échoppes, où vous ne serez séparés de l'extérieur que par de minces drapeaux de tissu. Sur le lampion rouge de la photo d'au-dessous est écrit ramen. Ce sont souvent des petits magasins bon-marché et gustativement convaincant.



Que veut dire bon marché au Japon? Pas facile de s'en sortir, avec cette monnaie inconnue qu'est le yen. D'autant plus quand on a 15.000 kimoètres dans la tête. Pour un repas en journée, on peut manger très bien entre 500 et 1000 yens, c'est à dire entre quatre et huit euros. Il faudra compter plus en soirée, souvent le double.


Et voilà un bon ramen dans l'estomac, les idées un peu plus claires après une pause. Vous pouvez repartir, le sac sur les épaules, vers l'hôtel et ses draps accueillants.

Publié dans Manger !

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J
On m a dit une fois que manger bruillament etait un code culinaire chez les japonais pour montrer combien ils aimaient le plat qu'ils mangent
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L
Mhhh désolé, mais il ne peut y avoir de "troisième alternative"....<br /> L'alternative, c'est "l'autre voie", le plan B, par définition il n'y a qu'une seule alternative...
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P
Le coup de faire du bruit pour ne pas se brûler, je suis désolé mais ça ne marche pas avec moi! Donc, j'attends patiemment que mon bouillon refroidisse...ce qui peut faire laisser penser au tolier que je n'aime pas son plat mais bon je vais pas me crâmer pour leur faire plaisir!
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K
Oui, ouhla, c'est en effet écrit Oden. Je devais être fatigué, quand j'ai écrit ça.
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D
Non mais ca a un meilleur gout quand on aspire bruillamment. Sinon c'est fade :)Et au passage sur le lampion il y a écrit Oden par ramen :)
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