Métal Hurlant

Publié le par Ked

On prendrait pour un naïf le touriste qui passe à Paris et pense "le métro est bondé, les Français sont des gens sérieux, ils ne prennent pas la voiture". On lui pardonnera, le touriste n'ayant la chance de voir la capitale en général que sous son aspect le plus favorable. Encore plus naïf serait celui qui oserait penser cela à Tokyo. Les trains sont certes obscènement bondés. Mais une chaleur douce vient gagner le coeur du voyageur plaqué contre sa vitre, à observer les voitures à l'arrêt, à cinquante kilomètres en amont de Tokyo. Imaginez Paris. Mettez ça au carré et vous commencerez à avoir une certaine idée de la chose.

Notez d'ailleurs que, contrairement à la capitale Française, le touriste ne pourra guère éviter la circulation sauvage de Tokyo. En effet, non limitée au périfphérique, elle traverse la capitale de part en part sur d'obscènes autoroutes élevées à trente mètres du sol. Ce sera probablement la première chose que remarquera le touriste qui passe à Roppongi, avant de se faire alpaguer par deux grands noirs qui essaieront de l'entraîner dans leur bar louche.


Pourtant, ce ne sont pas les arguments qui manquent pour dissuader l'automobiliste. Outre l'attente interminable, il y a le prix exorbitant des parkings, où il n'est pas rare de devoir payer l'équivalent de trois à cinq euros par heure. On peut citer aussi l'argument esthétique.


Ainsi la photo ci-contre est un exemple typique de parking Nippon. Notez que pour gagner de la place, ils utilisent de petits ascensceurs tout en poutre métalliques qui permettent d'augmenter de façon drastique le rapport nombre de voitures sur place occupée. Il faut aussi comprendre que je n'ai pris là qu'un exemple relativement modeste.


L'exemple suivant est issu de la même logique tordue et totalement imperméable au concept du bon goût.





Tout fait de poutres de métal, d'engrenages rouillés, le tout recouvert d'une couche de bleu gris chantieur avec des petites teintes marronâtre, directement issus du cauchemar d'un mécano fiévreux. Autant d'autels construits à l'égoïsme nombriliste des automobilistes pollueurs et socialement frigides, autant de doigts accusateurs qui disent "c'est pour TOI que nous construisons ces horreurs, salopard de tueur de bébés phoques". Mais ce serait surestimer les sens esthétiques d'une bande de salarymen psychorigides dont la seule fantaisie est de parfois porter une cravate bleue avec leur costume noir corbeau.


A choisir entre l'intimité moite du métro ou le cancer rampant des voitures, je conseillerais donc de méditer judicieusement chaque déplacement et de vous renseigner sur les horaires propices. Un bon indicateur se trouve rapidement dans les gares, sur les documents qui indiquent les horaires des trains. Vous remarquerez des pics pendant la journée du nombre de train, à certaines heures. Il se pourrait bien qu'il y ait une raison, et ne vous laissez pas tenter par une curiosité morbide, évitez ces horaires, que ce soit pour le train ou la voiture. Ou, mieux, allez dans le sens opposé. Pour se retrouver à Chiba ou à Saitama, villes dortoirs grisâtres, vous me rétorquerez que l'intérêt est limité, mais il faut comprendre le plaisir malsain qu'on ressent assis confortablement dans un train léger qui croise un train en partance pour le centre, avec des membres qui dépassent des fenêtres. C'est mesquin, ça peut poser des problèmes au boulot, mais, de temps en temps, qu'est ce que ça fait comme bien!

Publié dans Guide de Survie

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D
On aurait presque pas envi d'y vivre dis donc ... c'est un fait exprès?
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K
Je préfère l'expression "télé-travail".
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L
Alors comme ça, on fait l'école buissonière?
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